En France, les troubles Dys désignent l’ensemble des troubles de l’apprentissage ainsi que les troubles cognitifs qui en découlent. On considère qu’entre 5 et 10 % de la population est dyslexique. Problématique notamment lors de l’apprentissage de la lecture, la dyslexie est polymorphe et encore mal diagnostiquée. C’est d’autant plus préoccupant lorsqu’on sait qu’un dépistage précoce permet de limiter les impacts cognitifs de ce trouble spécifique de l’apprentissage. Pour bon nombre de dyslexiques, la lecture reste une pratique difficile. Voyons ensemble comment s’expliquent les difficultés de lecture quand on est dyslexique.
Qu’est-ce que la dyslexie ?
La dyslexie fait partie des troubles d’apprentissages, mais est un des troubles spécifiques de la lecture. Elle fait partie de l’ensemble des troubles Dys. Elle concerne principalement l’acquisition du langage écrit. La dyslexie peut être développementale ou acquise. Elle induit des difficultés d’acquisition en ce qui concerne les mécanismes liés à l’écriture : orthographe, écriture et lecture. Il existes parfois un trouble du langage, des problèmes de mémorisation, des difficultés de compréhension… Pour le moment, les causes de la dyslexie ne sont pas clairement identifiées, mais font l’objet d’études poussées depuis plusieurs années. L’hypothèse la plus soutenue est qu’il s’agit d’un trouble neurologique d’origine potentiellement génétique. En effet, 70 % des dyslexiques présentent des cas de dyslexie intrafamiliaux. Il faut savoir que 15 et 23 % des sujets atteints de dyslexie vivront avec ce trouble leur vie entière.
Les mécanismes de la dyslexie
Grâce aux progrès de l’imagerie cérébrale, les mécanismes de la dyslexie sont de plus en plus étudiés. Si l’on en croit l’étude publiée par la revue américaine Science, la dyslexie serait due à une baisse d’activité d’une zone de la partie temporale gauche du cerveau. Dans les faits, une personne souffrant de dyslexie peut confondre ou inverser des syllabes, des lettres ou encore des mots. Bien évidemment la complexité de la langue maternelle va jouer sur ces difficultés. Il existe en effet des langues dites irrégulières, c’est le cas du français. Il faut comprendre par là qu’un son correspond à plusieurs orthographes potentielles – o, au, eau, ot, aud,.. Il existe a contrario des langues régulières comme l’italien où un son correspond à une seule forme écrite. Des tests sur des étudiants anglais, français et italien ont révélé que les dyslexiques parlant une langue régulière présentaient moins de difficultés à lire. En revanche, l’imagerie cérébrale de tous les sujets a démontré que la même partie du cerveau était à l’origine des troubles sans distinction de langue.
Les différentes formes de dyslexies
Je vous l’expliquais précédemment, la dyslexie est un trouble polymorphe. Dans les faits il existe presque autant de formes de dyslexie que de personnes dyslexiques. Néanmoins plusieurs types de dyslexie sont mises en avant. Il convient de savoir les distinguer lorsque l’on cherche à comprendre l’origine d’une difficulté de lecture. Ces dyslexies sont généralement de trois types :
La dyslexie phonologique
Il s’agit sans aucun doute de la forme la plus couramment appréciée chez la population dyslexique. La dyslexie phonologique repose sur une grande difficulté à analyser et à déchiffrer les mots. Elle touche principalement les sons. On évoque parfois une faiblesse au niveau du décodage ce qui induit une mauvaise compréhension du texte, une grande difficulté à se représenter mentalement ce qui vient d’être lu. Concernant l’écriture, un enfant ou un adulte atteint de dyslexie phonologique va écrire des mots qui ne correspondent pas à sa forme sonore ; Par exemple : « tificil » au lieu de « difficile ». Cette dyslexie phonologique induit un faible niveau d’orthographe et un lexique orthographique restreint. Le dyslexique phonologique souffrira bien souvent de difficultés à l’oral (répétition de mots, problème de prononciation…).
La dyslexie de surface
Également appelée dyslexie dyséidétique relève d’un trouble au niveau de la voie d’adressage, de la voie lexicale ou de la voie directe. Il faut comprendre par là qu’il est très difficile de mémoriser la manière dont s’écrivent les mots. Concrètement les mots connus et régulièrement utilisés sont difficilement lus même s’ils appartient au lexique courant. On constate également des difficultés de prononciation. La reconnaissance de mots irréguliers ou complexes (mots avec des lettres muettes par exemple) est difficile. Le dyslexique de surface parvient à déchiffrer, mais pas toujours à comprendre le sens de ce qu’il lit. Toute l’attention est concentrée sur le décodage ce qui va provoquer une lenteur de lecture et souvent des incompréhensions. Le dyslexique dyséidétique aura tendance à ajouter, inverser, ou oublier des lettres et syllabes. Les lettres graphiquement similaires vont être confondues (b, p – s, c – m, n…).
La dyslexie mixte
Cette forme de dyslexie implique des difficultés de la sphère lexicale, mais également phonologique. L’enfant ou l’adulte aura du mal à déchiffrer les mots, mais aussi à en comprendre le sens. C’est en quelque sorte un mélange de la dyslexie phonologique et de la dyslexie de surface précédemment évoquées.
Les conséquences de la dyslexie sur la lecture
Je ne vous apprendrai rien en vous disant qu’un grand nombre de personnes dyslexiques délaissent la lecture. Cela s’explique par les difficultés directement liées au mécanisme de la dyslexie, mais également aux conséquences que cela va avoir sur les personnes concernées. La dyslexie demande des efforts intenses de concentration pour compenser les difficultés. Lire devient une activité fastidieuse, à forte demande attentionnelle. De nombreux facteurs au-delà même de la dyslexie influent sur la fatigabilité des lecteurs dyslexiques. Les ouvrages présentent souvent des mises en pages inadaptées, des polices difficiles à lire… De plus, un enfant qui aura connu toute sa vie des difficultés à lire n’y accordera que peu de d’intérêt dans sa vie d’adulte. La dyslexie est une affection stigmatisante, qui provoque de nombreux problèmes associées. On comprend aisément ces difficultés de lecture en regard des mécanismes neurologiques et cognitifs mis en jeu par ce trouble dys.
Je terminerai cet article en vous disant que tout n’est pas perdu pour autant. La recherche, les progrès dans le processus de diagnostic et de prise en charge devraient permettre, à long terme, une plus grande connaissance des troubles dys et en particulier de la dyslexie. Je tenais également à vous rappeler que les troubles Dys s’associent souvent les uns aux autres. Il n’y a donc rien d’anormal à ce que la lecture fasse partie des activités largement impactées par ces affections. Maintenant que vous en savez un peu plus sur les difficultés de lecture et la dyslexie, je vous annonce qu’un prochain article sur les aides à la lecture pour les personnes qui souffrent de dyslexie arrive dans les prochaines semaines pour compléter cette série. N’hésitez pas à me faire savoir si d’autres thématiques vous intéressent. Je vous dis à bientôt et vous souhaite une bonne semaine.
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